Prédication: dimanche des malades 2014

Publié le par Nathalie

Akhab parla à Jézabel de tout ce qu’avait fait Elie, et de tous ceux qu’il avait tués par l’épée, tous les prophètes. Jézabel envoya un messager à Elie pour lui dire : « Que les dieux me fassent ceci et encore cela si demain, à la même heure, je n’ai pas fait de ta vie ce que tu as fait de la leur ! » Voyant cela, Elie se leva et partit pour sauver sa vie ; il arriva à Béer-Shéva qui appartient à Juda et y laissa son serviteur. Lui-même s’en alla au désert, à une journée de marche. Y étant parvenu, il s’assit sous un genêt isolé. Il demanda la mort et dit : « Je n’en peux plus ! Maintenant, SEIGNEUR, prends ma vie, car je ne vaux pas mieux que mes pères. » Puis il se coucha et s’endormit sous un genêt isolé. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi et mange ! » Il regarda : à son chevet, il y avait une galette cuite sur des pierres chauffées, et une cruche d’eau ; il mangea, il but, puis se recoucha.
L’ange du SEIGNEUR revint, le toucha et dit : « Lève-toi et mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi. » Elie se leva, il mangea et but puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb. Il arriva là, à la caverne, et y passa la nuit. – La parole du SEIGNEUR lui fut adressée : « Pourquoi es-tu ici, Elie ? » Il répondit : « Je suis rempli de zèle pour le SEIGNEUR, le Dieu de l’univers : les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes par l’épée ; je suis resté moi seul, et l’on cherche à m’enlever la vie. » – Le SEIGNEUR dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le SEIGNEUR ; voici, le SEIGNEUR va passer. » Il y eut devant le SEIGNEUR un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le SEIGNEUR n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le SEIGNEUR n’était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le SEIGNEUR n’était pas dans le feu. Et après le feu une voix de fin silence. Alors, en l’entendant, Elie se voila le visage avec son manteau ; il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Une voix s’adressa à lui : « Pourquoi es-tu ici, Elie ? » Il répondit : « Je suis rempli de zèle pour le SEIGNEUR, le Dieu de l’univers : les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes par l’épée ; je suis resté moi seul, et l’on cherche à m’enlever la vie. »

La TOB// 1Rois 19,1-14

Cette année, cette journée des malades veut nous sensibiliser à ce qu’on qualifie techniquement de maladies psychiques. Mais pour le dire plus simplement, nous sommes invités à mettre des mots sur ces périodes de fatigues, de lassitude que nous pouvons traverser ou que nos proches traversent. Lorsque le quotidien devient un poids, lorsque les soucis pour notre famille, notre travail deviennent trop pesants, ou qu’alors la vie n’a plus de saveur. Nous vivons tous des moments où nous avons envie de dire : « j’en ai marre, j’ai envie que ça change ».

Un peu comme Elie qui crie à Dieu, lui disant son ras-le-bol. Ce prophète, porte-parole de Dieu, du Dieu d’Israël, figure que l’on pourrait prendre en exemple, que l’on pourrait même admirer. Voilà que ce prophète sombre dans le désespoir, qu’il ne se sent plus la force d’avancer. Elie devient alors proche de nous, nous pouvons nous retrouver dans son attitude, dans la manière dont il s’adresse à Dieu ou encore dans ses doutes. Parce que nous aussi nous ressentons parfois le besoin que Dieu se manifeste, qu’Il nous adresse des signes ou des signaux personnels, surtout d’ailleurs dans nos moments de détresse. Ce besoin est profondément humain et il est bien exprimé dans le texte que nous avons entendu.

A travers ce texte relatant un épisode de la vie du prophète Elie, nous découvrons comment Dieu nous accompagne dans nos temps de fatigue, dans les périodes charnières de notre existence.

Pour comprendre le découragement d’Elie, il faut revenir sur les événements qui ont précédés notre texte et sur l’histoire de ce prophète. Elie est le dernier prophète du Dieu d’Israël encore vivant. Au Mont Carmel, sur l’ordre de Dieu, Elie provoque une confrontation des divinités, entre celle de Baal et le Dieu d’Israël. Pendant que les prophètes de Baal exécutaient jusqu’à l’extase leurs danses sacrées, autour de l’autel de leur dieu, le ciel reste muet et fermé. Mais, à la prière d’Elie le ciel répond en faisant descendre le feu sur le sacrifice consacré au Dieu vivant. Convaincu par cette intervention divine, le peuple acclame le Dieu d’Israël. Le soir même, en réponse à l’intercession d’Elie une pluie attendue depuis des années arrive sur le pays.

Le récit aurait pu s’arrêter là, il y aurait même pu avoir une réconciliation entre Elie et le peuple de la reine Jézabel. Mais Elie grisé par son succès du moment tue les 450 prophètes de Baal. Ce carnage provoque la colère de la reine et son désir de vengeance, elle souhaite sa mort. Elie est alors submergé par le sentiment d’être allé trop loin, d’avoir tout gâché, de s’être éloigné de Dieu et de la mission qu’il lui avait été confiée.

On le constate dans notre texte, il se retrouve seul, dans le désert, habité par des sentiments paradoxaux : d’un côté il fuit pour sauver sa vie, mais une fois qu’il se retrouve dans le désert il réclame la mort. Un peu pragmatiquement on pourrait dire que si vraiment il avait souhaité mourir, il aurait pu laisser la reine Jézabel le tuer. Je ne pense donc pas que c’est la vie qui lui semble insupportable, mais bien plutôt l’absence de sens, il ne sait plus où il va, il ne sait plus ce qu’il doit faire. Il est perdu, et probablement sous le choc des événements qui viennent de se produire. Il est envahi par un sentiment de culpabilité. Il a aussi le sentiment de n’avoir pas été à la hauteur par rapport à ce qui lui avait été demandé, il se met alors à douter.

A travers cette réaction, nous découvrons toute l’humanité du prophète, mais aussi la fragilité à laquelle chacun humain peut être confronté. En effet, ne sommes-nous pas nous aussi envahi par ces sentiments : l’impression de n’avoir pas été à la hauteur, de n’avoir pas répondu aux attentes de nos proches, de nos amis ou encore de nos collègues ?

Cette exigence de devoir toujours faire mieux est très présente dans notre société qui privilégie la rentabilité et l’efficacité : il faut travailler vite et bien. Il n’y a alors pas de place pour l’erreur ou le questionnement. Le découragement auquel Elie est confronté peut correspondre aujourd’hui pour nous, à un sentiment de surcharge du par exemple au travail, au rythme de vie, à l’impression ne plus avoir d’emprise sur ce qui se passe dans notre vie, de perdre le sens de ce que nous faisons. Cette forme d’épuisement est un mal de notre société actuelle, du reste une étude à montrer ces dernières semaines que six personnes sur dix souffrent de stress dans le cadre de leur travail.

Alors pour ne pas tomber dans la déprime, pour ne pas perdre goût à la vie, il est bon, il est parfois même nécessaire de se tourner vers Dieu, de crier notre fatigue ou encore notre ras-le-bol, à l’image d’Elie.

Elie justement, se couche sous un genêt, il demande la mort, il rend son tablier de prophète. Englouti par le désespoir, il tombe dans le sommeil. Loin de lui amener la mort, un ange le touche et le réveille, et il l’invite à se lever et à manger. Il l’invite à sortir de sa déprime. Mais l’intervention n’aboutit pas, du moins pas tout de suite : Elie mange et il se recouche. Rien ne lui a donné envie de se lever ; de reprendre la route ; de recommencer à vivre.

Et l’ange intervient une deuxième fois de façon semblable, mais il ajoute une explication : “Lève-toi, mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi.” (v. 7) Cette mention d’un nouveau chemin à parcourir réinscrit Élie dans un projet de vie, dans une destination. C’est cette perspective qui le sort de l’impasse, de l’échec, qui va le mettre en route et lui permettre de se relever.

Dieu est donc présent pour Elie, pour lui redonner le goût de vivre. A travers le repas que l’ange apporte, Dieu manifeste sa tendresse pour l’homme, il veut redonner à chacun goût à la vie, permettre à chacun de sortir de son mal-être pour se remettre en route.

Dieu se présente donc comme étant avec, avec nous. Dans nos fatigues, dans nos aridités, Dieu se tient là. Il ne se manifeste pas à travers l’extraordinaire, le grandiose, Il est ce souffle ténu nous dit le texte. Souffle de vie qui nous maintient debout même lorsque nous n’attendons plus rien. Il se tient dans nos silences lorsque nous ne sommes plus envahis pas notre agitation intérieure.

Il se rend présent dans ce qui donne de la douceur à notre vie : dans tous ces signes, ces gestes qui nous donne de l’élan pour avancer dans la confiance. A travers ces anges que nous rencontrons sur notre chemin, ces personnes, ces amis qui deviennent des appuis lorsque nous-mêmes nous avons de la peine à avancer.

Nous sommes donc invités à déguster avec appétit cette Parole qui nous est donnée et à désaltérer notre soif par la prière personnelle et communautaire. Amen

Prédication: dimanche des malades 2014

Publié dans Predications

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article